Organisée par la municipalité, en partenariat avec le musée Fabre
Par Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine, responsable des collections du milieu XIXe siècle au XXIe siècle au musée Fabre, co-commissaire de l’exposition.
Pierre Soulages, La Rencontre
28 juin 2025 – 4 janvier 2026
Né à Rodez en 1919, décédé en 2022, Pierre Soulages fut l’un des plus grands artistes de son époque. Exposé dans le monde entier, du Sénégal à la Chine, en passant par le Brésil, les États-Unis ou l’Indonésie, il fit encore tout récemment l’objet, en 2019, d’une exposition personnelle au musée du Louvre, une consécration exceptionnelle pour un artiste vivant.
En pleine Seconde Guerre mondiale, alors âgé de vingt-deux ans, Soulages rencontrait le musée Fabre et ses œuvres, alors qu’il préparait le professorat de dessin à l’école des beaux-arts de Montpellier. La portée de cette rencontre – « plus que tout autre, ce musée a compté pour moi » écrira le peintre – s’est matérialisée en 2005 à travers la donation par Pierre et Colette Soulages de vingt toiles accompagnées de dix dépôts, qui faisaient suite à deux expositions dédiées à l’artiste au sein du musée montpelliérain, en 1975 et 1999, ainsi qu’à l’achat de deux importants Outrenoirs datés de 1996.
C’est à l’occasion des vingt ans de cette donation que le musée Fabre a choisi d’honorer à nouveau l’œuvre immense de Soulages, dans le cadre d’une exposition d’envergure se déployant sur trois niveaux et plus de 1 200 m2. Le titre, clin d’œil à l’un des tableaux iconiques du musée Fabre, réalisé en 1854 par Gustave Courbet, traduit la volonté d’évoquer, au fil du parcours, la rencontre de l’artiste avec l’histoire de l’art qui le précède, tout comme celle de son temps.
Afin de respecter l’esprit de la présentation que Soulages a lui-même conçue dans les salles qui lui sont consacrées dans le parcours permanent, l’exposition ne suit pas une approche chronologique, mais au contraire une vision cyclique et non linéaire, privilégiant les échos entre des œuvres d’époques différentes déclinées selon plusieurs grands thèmes : cette présentation tente ainsi de laisser le regard sur l’œuvre le plus libre et ouvert possible, en fidélité à la vision que Soulages portait à l’art : « La peinture est avant tout une expérience poétique. C’est une métaphore ; elle ne se laisse pas expliquer, elle ne se laisse même pas entamer par l’explication : sur elle viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête. C’est pourquoi l’art provoque, inquiète, et exalte, comme la vie. »